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22 avril 2020

Entretien avec Stéphane Bancel, Ginette 1990-1992, CEO Moderna

 

Stéphane Bancel, élève à Ginette de 1990 à 1992 et  CEO de la société Moderna aux USA, a eu la gentillesse de m’accorder un peu de son temps précieux. Il lance un appel simple aux anciens de Ginette.

 

Où en êtes-vous dans le développement du vaccin par rapport aux éléments donnés aux journalistes (voir article joint) ?

Je rappelle que le vaccin est destiné aux personnes saines pour prévenir contre la maladie. Nous ne travaillons pas sur un médicament pour guérir les malades.

- L’étude continue à bien se passer. Il faut maintenant attendre la prochaine étape sur la « tolérabilité » du produit qui aura lieu pendant le  printemps.

- Ensuite voir les données d’immuno-dangerosité du produit c'est-à-dire si on peut trouver des anticorps dans le sang des sujets sains qui ont été testés et qui aura lieu en début d’été.

- Je suis toujours « prudemment optimiste » !

 

Y a t il une collaboration avec d’autres pays ?

Aujourd’hui on est en train de finaliser avec le FDA (Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux) pour démarrer une phase dose aux US  au printemps. Il y a aussi des discussions avec plusieurs pays pour éventuellement faire des phases 2 dans ces pays respectifs. Cela permettrait aux autorités médicales locales de se familiariser avec le produit et, pour le vaccin, d’avoir plus de données et donc d’aller plus vite pour un enregistrement.

Et qu’en est-il avec la France ?

Il est trop tôt pour en parler car rien n’a été finalisé. Cependant nous parlons avec des professeurs français avec qui nous collaborons sur d’autres produits en infectiologie.

Le corona est en effet le 10ème vaccin que l’on travaille en essais  cliniques.

 

Que pouvons nous faire à notre « petit » niveau ?

Tant qu’on n’aura pas de vaccin pour la population, qui sera au plus tôt en 2021, la pandémie va durer et il y aura des périodes de reprise de cas, sans doute  en hiver prochain.

Le rôle que chacun peut jouer c’est effectivement d’avoir « une conscience sociale », c'est-à-dire de faire attention en termes de contamination,  de se laver les mains, porter un masque, de garder ses distances etc … Il faut surtout bien protéger les personnes âgées qui sont à grand risque et particulièrement pendant la période d’été de faire attention aux visites aux grands parents car cela peut être dangereux. Tant qu’on n’a pas de vaccin, le virus ne va pas disparaître donc il va falloir commencer à s’habituer à vivre avec. C’est un virus qui va rester avec l’être humain toute la vie.

L’autre chose intéressante serait, quand on va avoir des tests de diagnostic de sérologie via prise de sang, de savoir si les gens ont été contaminés ou pas.  Les premiers à retravailler devraient être les gens testés zéro positifs. Car, même si on ne sait pas la durée exacte d’immunité, à priori on ne doit pas retomber malade rapidement quand on a été infecté.

 

En quoi Ginette vous a formé pour vous aider à affronter un tel événement ?

Je dirais l’aspect jésuite en général car j’ai fait toutes mes classes, collège, lycée et Ginette avec eux. Donc la notion "SERVIR"  de la culture Jésuite.

Depuis le démarrage, dès janvier, on a pris beaucoup de risques sur ce projet avant même de savoir que c’était une pandémie.  Nous avions l’idée de s’assurer que la technologie de la société pouvait servir, soit un petit nombre de gens si l’épidémie était locale, soit servir le plus de gens possible si l’épidémie se répandait.

Nous avons pris des risques quant à l’avenir de la société; des risques stratégiques,  d’organisation, d’horaires ambitieux et  aussi bien sûr financiers.

 

Quels messages voulez vous transmettre à la communauté de Ginette?

Tous les anciens doivent s’assurer pour eux, leur famille et leur entreprise que le plus de gens possible soient testés en sérologie dans les 18 mois prochains.

Par exemple, pour notre société, on est en train de voir avec un gros laboratoire américain que tout le personnel et leur famille soient testés à nos frais pour permettre à ceux qui sont positifs de ne pas s’inquiéter d’être infectés.

La communauté de Ginette peut jouer un grand rôle dans sa communauté locale pour faire en sorte que les choses se passent le mieux possible dans une période compliquée psychologiquement, humainement et économiquement les 12/18 prochains mois.

Tout ancien de Ginette, quel que soit son rôle dans l’entreprise, peut prendre le leadership pour aider les ressources humaines. Il peut aller voir le labo d’analyse médicale à coté de leur site et faire en sorte qu’il y ait la possibilité de faire tester les collaborateurs de la société qui le désirent.

C’est le point central pour faire redémarrer l’économie et protéger les gens.

Une personne qui est à haut risque médical et zéro négatif ne devrait pas aller travailler, surtout si elle a plus de 50 ans. Et par exemple une personne jeune et zéro positif devrait travailler.

Dans la gestion du retour au travail qui ne va pas être facile, je pense qu’un ancien de Ginette a un énorme rôle à jouer de s’équiper de ces éléments pour aider son entreprise.

 

On va sur une récession bien plus forte que celle de 2009. Il faut redémarrer  l’économie sans prendre de risque au niveau santé, c'est-à-dire avant une vaccination générale, comment lier  la gestion de la crise sanitaire et la gestion de la crise économique. « En effet, se dire on va sauver plus de gens mais détruire encore plus l’économie nationale avec plus de gens au chômage, est une situation difficile et ingérable ».

Il faut arriver à gérer les deux en parallèle,  pas en 2 temps. Que les anciens de Ginette prennent les choses en mains localement. « Qu’ils aident les ressources humaines à comprendre la science, la biologie et à mettre en place des analyses médicales pour les employés et leur famille qui le désirent, ce n’est pas compliqué ».

Les laboratoires qui fabriquent les diagnostics médicaux sont en train de les sortir.

 

Aux US, 25 millions de jobs ont été perdus en 4 semaines, c’est à dire autant que créés en 10 ans. Les états mettent des budgets énormes nécessaires pour aider les entreprises. La dette des pays va être encore plus forte et donc la croissance encore plus ralentie, je ne suis pas sûr que tout le monde se rende vraiment compte. Donc, je le redis, les anciens  de Ginette ont un rôle important à jouer dans leur communauté locale.

 

Entretien de Sabine de Laigue avec Stéphane Bancel, 15 avril 2020.

 

 

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