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03 mai 2021

François Xavier Oliveau, BJ90

 

François-Xavier, tu es sorti de Ginette en 1990 pour intégrer Centrale.

Membre du comité de Ginette Alumni, tu nous présentes aujourd'hui ton nouveau livre

- C’est ton 2ème livre après Microcapitalisme. De quoi parle-t-il ?

La crise de l’abondance  part d’un constat paradoxal : nous n’avons jamais aussi bien vécu, ni autant créé de richesses ; pourtant nous vivons des crises majeures.

La thèse du livre est que ces crises sont en fait les conséquences de cette abondance que nous ne savons pas maîtriser. Des déchets aux gaz à effet de serre, la crise environnementale provient de nos excès de consommation. La crise de la monnaie est liée à une abondance de liquidités, elle-même liée à une pression baissière des prix permanente liée au progrès technique. Enfin les interrogations que nous pouvons avoir sur l’avenir du travail sont étroitement liées à l’impressionnante capacité de la machine de nous délester d’une partie toujours croissante de notre rôle de travailleur.

Cela pose la double question de la redistribution et du sens de nos existences dans un monde largement mécanisé et numérisé. Apprendre à maîtriser cette abondance qui nous dépasse est un enjeu essentiel – et j’essaie d’apporter quelques réponses concrètes, parfois très surprenantes, en remettant la réflexion dans une perspective historique.

Le livre est paru en mars et les premiers retours sont très positifs, y compris de la part de lecteurs qui ne sont particulièrement versés dans des sujets économiques ou sociaux.

 

- Quel rôle a joué Ginette dans ta formation littéraire et ton envie d’écrire ?

 Les prépas piston puis taupe que j’ai suivies n’étaient pas particulièrement riches en matières littéraires ! Nos deux heures hebdomadaires de français étaient pour moi une respiration bienvenue, comme les activités, rabbinages ou autres, qui nous ouvraient au monde extérieur. Je me souviens très bien des auteurs que nous avions étudiés – Borges, Ponge, Flaubert et Condorcet, qui parlait déjà de l’influence de la technologie sur la société…

Mais je crois surtout que mon livre est marqué par ma formation d’ingénieur. D’une part, il intègre largement le fait technologique, à mon avis largement sous-estimé par les économistes. Je cite largement mon camarade centralien Jean Fourastié, qui a démontré la baisse historique des prix que provoque le progrès technique. Cette « déflation technologique » me semble centrale dans le processus d’accès à l’abondance et donc dans l’économie actuelle.

D’autre part, j’essaie d’avoir une approche systémique, en essayant de proposer des dispositifs complémentaires et conçus comme une solution globale. C’est lors de mes premières années professionnelles au département ingénierie d’Air Liquide que j’ai vraiment compris le fonctionnement parfois contre-intuitif de systèmes complexes. Mon approche des sujets doit beaucoup à cette première expérience.

 

- Comment en es-tu venu à l’écriture ?

Comme beaucoup, elle me démange depuis très longtemps. J’ai voulu passer à l’acte il y a une dizaine d’années.

Après différents essais, j’ai trouvé le sujet que je voulais traiter : quel modèle social voudrait-on mettre en place aujourd’hui, dans ce contexte de mutations technologiques et de bouleversement des modes de travail ? Il m’a fallu plusieurs années de travail pour sortir mon premier livre, Microcapitalisme, qui a été très bien reçu par les lecteurs et la critique. J’ai eu rapidement envie de le compléter, notamment autour des sujets de l’abondance, de l’environnement et de la monnaie. J’ai donc continué la réflexion, en apprenant beaucoup – d’où ce nouvel ouvrage !

Merci

SL

 

1 Commentaire

Alan ABEBERRY (1989-1990)
Il y a 2 ans
Intéressante réflexion sur la souffrance que crée l'abondance quand elle devient gaspillage. Dans nos racines indo-européennes, les grecs parlent d'hubris, d'excès du désir, les indiens parlent d'esprit avide, proche des enfers

Les bouddhistes dans leur pratique du désir montrent comment le désir crée la souffrance, surtout quand il devient avidité insatiable telle que nous en parle François Xavier dans la crise de l'abondance


Où en es tu de ta conscience de l'interdépendance de ton désir envers la planète et les autres ? Comment modères-tu tes désirs ?

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