
#2 Apéro Ginette

L’art, un pont entre les individus, une source d’enrichissement mutuel
Initiés fin 2024, dans la lignée de nos conférences ou tables rondes, « Les Apéros Ginette » font leur retour en 2025 avec deux nouveaux témoignages de vie de grande qualité. Un moment de partage convivial.
L'idée maîtresse de ces rassemblements est de créer des interactions chaleureuses, loin des présentations formelles et techniques pour mettre en avant les expériences personnelles, centrées sur l’humain et les parcours de chacun
Titre « l’art, un pont entre les individus, une source d’enrichissement mutuel »
Dans une ambiance tamisée d’un ancien cinéma « intimite », Jean-Baptiste Costa de Beauregard, notre #2 intervenant des « Apéro Ginette », vient nous parler de sa passion de l’art.le 26 février
Enthousiaste depuis la grande enfance, il parcourt déjà les musées ou se nourrit de la beauté de Paris. Voulant devenir architecte mais poussé par sa lignée familiale il rentre d’abord à Ginette de 2003 à 2005. En sortant d’HEC il renoue avec sa passion et cherche à travailler dans le secteur de l’art.
Collectionneur dans l’âme, il nous révèle en quoi cette « activité » est porteuse de sens.
Pour Jean Baptiste, l’objet d’art a une valeur relationnelle unique, car il permet de tisser des liens humains et culturels. Collectionner de l’art, c’est avant tout entrer en relation avec un monde artistique passionnant et avec des artistes, des personnes souvent extraordinaires à rencontrer. Ces échanges enrichissent l’expérience et donnent une profondeur particulière aux œuvres que l’on choisit. Chaque pièce devient alors bien plus qu’un simple objet : elle porte en elle une histoire, celle de sa création, celle de l’artiste, et celle du moment où elle a été découverte.
Posséder une œuvre d’art, c’est aussi créer un environnement personnel peuplé d’objets choisis avec soin, qui ont une signification particulière. Ces œuvres sont liées à des rencontres marquantes, à des ateliers visités ou à des récits partagés par les artistes eux-mêmes. Elles deviennent des témoins vivants de ces instants et permettent de raconter ces histoires à son entourage.
Enfin, collectionner de l’art est un acte de partage. Lorsque l’on montre ses œuvres à d’autres, on les invite à entrer dans cet univers artistique et à découvrir ce qui nous touche. C’est une manière de susciter des échanges, de confronter des points de vue et d’inspirer les autres à s’intéresser eux aussi à l’art.
Ce n'est pas compliqué. Ce n'est pas réservé à des gens qui sont sur une liste autorisée même si le marché de l'art souffre d’un entre soi, d’une culture du secret qui empêche son développement
« Aussi, quand j'essaie de convaincre mes amis d'acheter de l'art, je leur dis que c'est une dépense dont le juste prix est celui qu'on est prêt à dépenser. L’œuvre d’art est unique, contrairement au bijou , c’est donc un objet de luxe ; c’est tout sauf un investissement.
Cet engouement pour l’art, il va donc le vivre aussi à travers ses activités professionnelles.
Il débute sa carrière dans l'assurance d'œuvres d'art, non par intérêt pour le secteur assurantiel, mais pour le contact privilégié avec les collections artistiques. "Ce qui me plaisait, c'était de voir des collections et des œuvres," confie-t-il."
Puis en 2017 il découvre la figure de Frédéric Jousset, fondateur de Webelp et nouveau propriétaire de Beaux Arts Magazine. "C'était la première fois qu'un entrepreneur de sa génération s'intéressait aux industries culturelles en France," observe-t-il. Sentant qu'il se passait quelque chose d'important, Jean-Baptiste Costa de Beauregard prend l'initiative de le contacter directement pour rejoindre son projet.
Le sauvetage du Quotidien de l'Art : l'épreuve du feu
Initialement recruté pour travailler sur la diversification et les investissements dans des startups complémentaires, Jean-Baptiste Costa de Beauregard se voit rapidement confier une mission inattendue : racheter Le Quotidien de l'Art, un journal en faillite, à la barre du tribunal de commerce. Ce défi lui permet de développer des compétences nouvelles dans un contexte difficile. "J'ai dû apprendre sur le tas comment fonctionnait un rachat d'entreprise en liquidation, mais aussi et surtout un média" se souvient-il.
Pendant deux ans, il restructure entièrement ce média qui possédait "une marque forte mais pas de modèle économique viable." Face à des prestataires non payés depuis des mois, des problèmes sociaux complexes, mais aussi des lecteurs et abonnés fidèles, il découvre toutes les facettes de la gestion d'un média, ce qui lui donne "une véritable passion" pour ce secteur. C’est aussi l’expérience d’un passage de relai, avec un accompagnement quotidien de la part de la Directrice générale de l’époque, désormais retraitée et qui lui a transmis sa passion et sa philosophie des médias.
Une vision claire pour les médias
Aujourd'hui directeur général délégué du pôle média du groupe Beaux Arts & Cie, Jean-Baptiste Costa de Beauregard veille sur toutes les activités média et édition, dont Le Quotidien de l'Art et Beaux Arts Magazine, premier mensuel culturel en France avec près d'un million de lecteurs mensuels. Ce qui le fascine dans les médias, c'est leur influence disproportionnée par rapport à leur taille économique : "Un média peut avoir une influence énorme, bien au-delà de sa taille économique."
Alors que le groupe compte 80 employés et 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, Beaux-Arts Magazine touche deux millions de personnes par mois (en combinant version papier et numérique). Cette influence considérable constitue une source de motivation permanente pour Jean-Baptiste Costa de Beauregard, qui se donne pour mission de "rendre l'art accessible à tous."
L'exigence comme valeur cardinale
Le succès de Beaux Arts Magazine repose, selon son directeur général délégué, sur plusieurs piliers fondamentaux :
- L'exigence éditoriale : "On est convaincus que tout repose sur la qualité du contenu. Il doit être vérifié, produit par des professionnels, avec une rigueur et une originalité propres au métier du journalisme."
- L'investissement dans le contenu : Contrairement à certains propriétaires qui "achètent un média pour l'influence et cherchent à réduire les coûts," Costa de Beauregard défend une vision à long terme : "Frédéric Jousset et notre équipe croient en l'investissement dans le contenu. C'est ça qui permet de durer en renforçant la relation avec nos lecteurs, ainsi que notre crédibilité vis-à-vis de nos partenaires et annonceurs.
- Le respect des créateurs : "Investir dans le contenu, c'est aussi rémunérer la création." Le groupe veille à rémunérer correctement ses journalistes, pigistes, photographes et les ayants droit des artistes dont les œuvres sont reproduites.
- L'indépendance éditoriale : Jean-Baptiste Costa de Beauregard insiste sur la nécessité d'une réelle autonomie pour les journalistes : "Nos journalistes bénéficient de cette indépendance éditoriale, ce qui est crucial pour maintenir la qualité et l'intégrité du contenu."
Un engagement militant pour les médias
La vision de Jean-Baptiste dépasse les frontières de son groupe. Vice-président du Syndicat des éditeurs de presse magazine (SEPM), il défend ardemment l'application des droits voisins, qui obligent les plateformes numériques à rémunérer les éditeurs de presse lorsqu'elles diffusent leurs contenus.
"J'ai une vision militante des médias : ils sont essentiels à notre société et irremplaçables," affirme-t-il. Pour lui, le combat contre les géants du numérique est crucial pour la survie du secteur : "En 20 ans, la presse a perdu les deux tiers de ses revenus publicitaires, soit 2 milliards d'euros rien que pour la presse magazine."
Un modèle vertueux pour l'avenir
Jean-Baptiste Costa de Beauregard défend un "modèle vertueux" à double dimension. D'abord économique : "Pour qu'un média ait une durée de vie longue et soit utile, il faut qu'il soit économiquement viable."
Mais ce modèle est aussi éthique et sociétal : il concerne "le rôle d'un média dans la société, par rapport aux plateformes, par rapport à ce qu'il apporte comme information et comme qualité de l'information, par rapport aux archives et à l'histoire que ça permet de créer."
Pour assurer l'avenir, Jean-Baptiste Costa de Beauregard mise sur la diversification des activités (conseil, organisation d'événements, brand content) tout en gardant une cohérence avec l'ADN du groupe. Il reste néanmoins fermement attaché au support papier pour la reproduction d'œuvres d'art, malgré l'essor du numérique : "Le papier ne disparaîtra pas dans le domaine de l'art, malgré les tendances numériques."
Un management basé sur la confiance
La gestion d'équipes de journalistes requiert selon lui une approche particulière : "Manager des journalistes est une expérience différente de la gestion d'autres types de personnels. Il s'agit de cultiver une relation de confiance."
Pour Jean-Baptiste Costa de Beauregard, le dialogue constant avec les équipes et la compréhension des contraintes économiques sont essentiels. La ligne éditoriale fixée par l’éditeur est un cadre général - "rendre l'art accessible à tous" – dans lequel on laisse une grande liberté aux rédactions.
À travers son parcours et sa vision, Jean-Baptiste Costa de Beauregard démontre qu'il est possible de concilier exigence éditoriale, rentabilité économique et impact culturel significatif, même dans un environnement médiatique en pleine mutation.
Merci Jean-Baptiste pour ton enthousiasme👏
A bientôt
Sabine de Laigue
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