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18 mai 2020

Le confinement et le sens du jeûne !

La pandémie de COVID 19 s’est invitée dans nos vies, mondialement, et les a bouleversées.

Dramatiquement pour ceux qui ont été gravement malades, ou ont perdu un proche. Durement pour ceux qui étaient déjà en situation précaire et qui sont empêchés de travailler pour subvenir aux besoins de leur famille. Pour tous, le confinement, avec la mise au ralenti de rythmes souvent effrénés, a été l’occasion de prises de conscience. Prise de conscience de ce dont nous pouvons en fait assez facilement nous passer, toutes ces activités qui s’appellent l’une l’autre, pour des raisons hautement louables, mais qui, à la fin, nous déshumanisent. Prise de conscience aussi de ce qui nous manque vraiment, de ce qui a du prix à nos yeux sans que nous en ayons toujours vraiment conscience, parce que c’est là, disponible, évident.

Pour les croyants, musulmans ou chrétiens, le choc, ce fut l’impossibilité de se rassembler pour la prière, dans les églises comme dans les mosquées, pour la fête de Pâques comme pour le saint mois du Ramadan. Ces sommets de la vie de foi font une part spéciale, chacun à sa façon, à l’expérience du jeûne.Le jeûne est fait pour expérimenter le manque et pour réaliser que nous tenons notre vie de Dieu. Un jeûne inattendu nous est imposé cette année. Personnellement, je n’y vois nullement une punition de Dieu. J’y vois plutôt le résultat d’un manque de conscience collective et de l’incapacité du genre humain à auto limiter sa propre puissance. J’y vois aussi une chance de vivre cette épreuve sous le signe du jeûne spirituel. Une chance de revenir à l’essentiel de notre vocation humaine, à revisiter notre relation à Dieu, aux autres et à nous-mêmes.

Le jeûne est fait pour être rompu, il donne sa saveur incomparable au four, le repas de rupture du jeûne. Serons-nous capables de vivre les mois à venir comme une rupture du jeûne ou allons-nous nous contenter avec plus ou moins d’obéissance, plus ou moins de conscience, de suivre les consignes de déconfinement ? Rupture de jeûne ou déconfinement, à chacun de choisir, mais de ce choix le monde en sortira différemment. Que ce soit aux niveaux les plus hauts ou dans notre voisinage le plus proche, des liens, des solidarités seront à construire.

Nous, croyants en un Dieu unique, créateur du ciel et de la terre, une chance nous est donnée d’agir ensemble dans l’esprit de la journée internationale du Vivre Ensemble en Paix, le 16 mai prochain. Le pire serait que cette pandémie soit une pandémie pour rien, avec son nombre de victimes qui n’impressionne que si on en aimait au moins une, avec ces milliers de milliards de dollars venus d’on ne sait où et partis on ne sait où, avec des riches momentanément un peu moins riches et des pauvres durablement encore plus pauvres. Le COVID 19, ne fait pas de différence entre les religions et les cultures, pour lui, il n’y a que des êtres humains. C’est là au moins une leçon qu’il nous faut entendre.

Bon et saint Ramadan à tous nos frères et sœurs en humanité. Il se vit sans le rassemblement des personnes mais pas sans l’union des cœurs.

+ fr. Jean-Paul Vesco op évêque d'Oran

Ce texte a été mis enligne le 6 mai 2020 sur le site de l'Eglise d'Algérie : htps://eglise-catholique-algerie.org/index.php?option=comocontent&vvie==article&vid=4773::le-sens-dujeune&vcatid=44:eglise-d-algerie



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